Depuis son lancement en 2015, le protocole NDI propose une approche standardisée de la transmission vidéo sur IP, exploitant les réseaux Ethernet standards.
Si cette technologie présente des avantages indéniables pour certaines applications, il convient d’examiner objectivement sa position réelle sur le marché de la supervision professionnelle et les alternatives que privilégient les grands acteurs du secteur.
Le NDI (Network Device Interface) représente un protocole de transmission vidéo sur IP qui permet l’envoi de flux vidéo, audio et métadonnées à faible latence sur un réseau Ethernet standard.
Cette norme développée par NewTek, désormais propriété de Vizrt Group, vise à simplifier la manière dont les professionnels capturent, transmettent et diffusent des contenus vidéo en temps réel.
Dans le contexte de la supervision, cette technologie permet aux opérateurs de visualiser simultanément des dizaines, voire des centaines de sources vidéo, sans nécessiter l’infrastructure coûteuse et rigide des systèmes traditionnels.
Le protocole NDI utilise un algorithme de compression vidéo qui maintient une très bonne qualité visuelle tout en réduisant la bande passante nécessaire.
Cette compression intelligente permet de transmettre des flux vidéo haute définition avec une latence inférieure à une trame, généralement autour de 16 millisecondes pour du contenu en 1080p à 60 images par seconde. Cette performance rend le NDI particulièrement adapté aux applications de production en direct où chaque milliseconde compte, ainsi qu’aux environnements critiques.
La technologie repose sur la découverte automatique des sources vidéo sur le réseau. Dès qu’un périphérique compatible NDI se connecte au réseau, il devient instantanément visible pour tous les autres équipements NDI présents. Cette fonctionnalité élimine les configurations complexes.
Le NDI se décline en plusieurs versions adaptées à différents besoins. Le NDI HX offre une compression plus élevée utilisant H.264/H.265, réduisant davantage la bande passante nécessaire.
Selon les données publiées par Vizrt en 2024, plus de 2 000 produits de plus de 600 fabricants différents intègrent la technologie NDI sous ses diverses formes.
Le NDI 5, lancé en 2020, introduit des fonctionnalités comme le support des flux HDR (nécessitant toutefois le SDK Advanced payant), une gestion améliorée des métadonnées et des performances accrues pour les réseaux à haute capacité.
L’un des atouts majeurs du NDI réside dans sa facilité d’implémentation. Contrairement aux systèmes traditionnels nécessitant des configurations complexes, le NDI s’appuie sur la découverte automatique des sources via mDNS. Branchez un équipement compatible NDI au réseau, et il devient immédiatement visible par tous les autres périphériques NDI du même sous-réseau, sans configuration manuelle.
Cette approche “plug-and-play” réduit considérablement le temps de déploiement et élimine les erreurs de configuration courantes dans les systèmes plus complexes. Pour les intégrateurs, cela se traduit par une mise en service plus rapide et moins de support technique post-installation.
Dans une salle de contrôle, cette simplicité permet aux opérateurs de reconfigurer rapidement leur affichage sans intervention technique. Un superviseur peut décider d’ajouter une nouvelle caméra ou un tableau de bord sur son mur d’images : il suffit de connecter la source au réseau pour qu’elle apparaisse dans la liste des sources disponibles.
Le NDI transforme le concept traditionnel de routage vidéo. Là où une matrice physique impose des connexions fixes entre entrées et sorties, le NDI permet à n’importe quel écran ou application connectée au réseau d’afficher n’importe quelle source disponible, à tout moment, sans limitation physique.
Cette architecture logicielle offre une souplesse impossible à atteindre avec des systèmes câblés : un même flux peut être simultanément affiché sur plusieurs écrans, enregistré, analysé et diffusé, sans nécessiter de distribution physique supplémentaire.
Dans une salle de contrôle, cette flexibilité change radicalement les possibilités opérationnelles. Lors d’un incident, les opérateurs peuvent instantanément réorganiser leur affichage : concentrer plusieurs écrans sur une zone critique, partager une vue spécifique avec un collègue distant, ou basculer rapidement entre différentes configurations prédéfinies selon l’évolution de la situation, le tout sans attendre qu’un technicien recâble quoi que ce soit.
L’ajout de nouvelles capacités à un système NDI ne nécessite qu’une connexion réseau supplémentaire. Cette évolutivité “organique” permet aux organisations de faire croître leur infrastructure de supervision en phase avec leurs besoins réels, sans surinvestissement initial.
Pour des installations de petite à moyenne taille, le NDI offre un avantage économique indéniable. Une infrastructure réseau IP basée sur des switches managés Gigabit standard coûte significativement moins cher qu’une matrice vidéo professionnelle de capacité équivalente. Là où une matrice 32×32 peut représenter un investissement de 50 000 à 150 000 euros, une infrastructure réseau équivalente se chiffre entre 5 000 et 15 000 euros.
Le câblage constitue une autre source d’économie substantielle. Les câbles Ethernet Cat6a, largement disponibles et standardisés, coûtent une fraction du prix des câbles vidéo professionnels de qualité équivalente. Cette différence, multipliée par des dizaines de connexions, se traduit par des économies importantes sur le seul poste câblage.
Pour une salle de contrôle avec budget contraint, ces économies permettent de réallouer les ressources vers d’autres composants critiques : écrans de meilleure qualité, systèmes d’analyse vidéo, formation des opérateurs ou maintenance préventive. L’approche NDI démocratise l’accès à des technologies de supervision qui étaient auparavant réservées aux organisations disposant de budgets conséquents.
VuWall a intégré le support NDI dans ses solutions de gestion de murs d’images, permettant d’afficher des sources NDI aux côtés d’autres protocoles.
La solution VuWall TRx par exemple peut ingérer des flux NDI tout en s’appuyant sur son propre protocole propriétaire pour les fonctionnalités avancées.
Cette approche multi-protocoles permet à VuWall de répondre à différents besoins client, le NDI n’étant qu’une option parmi d’autres dans l’architecture globale.
Les grands constructeurs comme Barco, Datapath et Matrox ont développé leurs propres écosystèmes AVoIP, souvent basés sur des protocoles propriétaires optimisés pour leurs applications spécifiques :
Vizrt met à disposition une suite d’outils gratuits appelée NDI Tools, incluant NDI Studio Monitor pour la visualisation de flux individuels et NDI Screen Capture pour transformer n’importe quel ordinateur en source NDI.
Malgré ses avantages apparents, le NDI ne s’est pas encore imposé comme standard universel dans l’écosystème des applications de supervision professionnelle. L’explication tient principalement aux facteurs ci-dessous :
Les murs d’images de supervision critique exigent une synchronisation frame-accurate avec une précision de quelques microsecondes, un genlock réseau et un comportement parfaitement reproductible à grande échelle. Le monde professionnel s’appuie donc principalement sur SMPTE ST 2110 (accompagné de PTP/IEEE 1588 via ST 2059), ou sur des écosystèmes SDVoE et JPEG-XS offrant une latence ultra-faible.
Le NDI propose bien une fonction “Genlock” logicielle, mais n’est pas construit autour du protocole PTP comme le ST 2110. Pour les applications critiques, les intégrateurs privilégient systématiquement les standards 2110/SDVoE/JPEG-XS qui garantissent un déterminisme absolu.
Une grande partie des flux NDI déployés sur le terrain utilisent NDI|HX (encodage H.264/H.265 en 8-bit 4:2:0) pour économiser la bande passante. Cette configuration ne répond pas aux exigences des environnements critiques nécessitant du 10-bit, du 4:4:4 ou du HDR de qualité broadcast.
De plus, le support HDR complet en émission nécessite le NDI Advanced SDK payant, ce qui freine l’adoption par défaut dans les projets d’intégration.
Les contrôleurs de murs d’images doivent fréquemment transporter des sources protégées HDCP 2.x (décodeurs TV, lecteurs multimédias, Apple TV, etc.). L’HDCP sur NDI n’a été présenté qu’en 2025 dans des environnements de démonstration, sans déploiement massif confirmé, alors que les solutions SDVoE, JPEG-XS et les protocoles propriétaires gèrent déjà cette protection de contenu de manière fiable.
Par défaut, NDI utilise mDNS pour la découverte des sources, un protocole conçu pour les réseaux locaux et peu adapté au routage entre sous-réseaux. Bien qu’il soit possible de contourner cette limitation avec un NDI Discovery Server, cela ajoute une couche de complexité d’ingénierie réseau que les suites AVoIP professionnelles évitent grâce à des solutions comme NMOS (Networked Media Open Specifications) ou des contrôleurs dédiés intégrés.
Pour les installations multi-sites ou géographiquement distribuées, cette limitation architecturale constitue un frein majeur.
Les grands acteurs de l’AVoIP ont massivement investi dans leurs propres piles technologiques matérielles et logicielles, déjà validées et optimisées pour les applications KVM, HDCP et murs synchronisés :
Dans ce contexte, le NDI peut être supporté via des passerelles de conversion, mais il ne constitue pas la voie native privilégiée par ces fabricants pour leurs applications les plus exigeantes.
Plutôt qu’une domination du NDI, l’industrie évolue vers une coexistence de multiples standards, chacun optimisé pour des cas d’usage spécifiques. Les solutions professionnelles intègrent de plus en plus des capacités multi-protocoles, permettant de choisir le standard approprié pour chaque source et chaque application.
L’interopérabilité accrue entre NDI, SMPTE ST 2110, SDVoE et autres protocoles IP constitue une priorité pour l’industrie. Les passerelles de conversion et les solutions hybrides permettent aux organisations de bénéficier des avantages de chaque technologie sans s’enfermer dans un écosystème unique.
Indépendamment du protocole de transport utilisé, l’intégration de l’intelligence artificielle dans les systèmes de supervision représente une tendance majeure. Les algorithmes d’analyse vidéo peuvent détecter automatiquement des événements d’intérêt et optimiser l’affichage sur les murs d’images, quelle que soit la technologie de transmission sous-jacente.
Le NDI représente une option intéressante pour certaines applications de supervision, particulièrement dans les environnements de taille modeste ou les contextes non-critiques où sa simplicité de déploiement et son coût accessible constituent des avantages déterminants.
En revanche, dès lors que les applications de supervision deviennent critiques et nécessitent une synchronisation déterministe, une profondeur colorimétrique élevée, un support HDCP fiable ou une scalabilité à grande échelle, les professionnels se tournent vers d’autres standards : SMPTE ST 2110, SDVoE ou les protocoles propriétaires des grands constructeurs demeurent leurs choix de référence.
La question n’est donc pas de savoir si le NDI remplacera les autres technologies, mais plutôt de déterminer quel standard ou quelle combinaison de standards correspond le mieux aux exigences de votre installation.
Chez Motilde, nos experts vous accompagnent dans le choix et le déploiement de la solution AVoIP la plus adaptée à vos besoins spécifiques, qu’il s’agisse de NDI, SMPTE ST 2110, SDVoE ou d’architectures hybrides. Nous analysons vos contraintes techniques, budgétaires et opérationnelles pour vous recommander l’infrastructure optimale. Contactez-nous pour un audit personnalisé !

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