Salle de contrôle de vidéosurveillance : Défis et solutions techniques

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Une salle de contrôle de vidéosurveillance est une installation où convergent des flux d’informations critiques, exigeant une analyse et une prise de décision rapides.

La performance de l’ensemble du dispositif de sécurité repose sur la capacité de ce centre à gérer efficacement les incidents en temps réel. Cependant, les opérateurs font face à des défis opérationnels qui peuvent compromettre leur efficacité.

Cet article analyse les principaux défis opérationnels rencontrés dans une salle de contrôle de vidéosurveillance et présente les solutions techniques concrètes permettant d’y répondre.

Nous verrons comment la technologie peut augmenter les capacités humaines pour créer un environnement de sécurité plus réactif et proactif.

Défi n°1 : Surcharge cognitive de l’opérateur

Le problème : Trop d’informations, trop de faux positifs

Le personnel de la salle de contrôle est confronté à un volume exponentiel de flux vidéo et d’alertes. Un opérateur peut être amené à surveiller simultanément des dizaines et même des centaines de caméras. Or le cerveau humain est incapable de garder sa vigilance face à un tel flot d’informations. Des études en psychologie cognitive mettent en évidence qu’à partir de 20 minutes d’observation passive, le taux de détection d’un événement anormal sur un moniteur est diminué de quasiment 50 %.

Cette situation est aggravée par un excès d’alertes. Les outils d’analyse vidéo classiques basés sur des modifications de pixels sont à l’origine d’un trop grand nombre d’alertes accidentelles dues à des stimuli perturbateurs que sont des éléments non pertinents tels que la pluie, ou les ombres ou les animaux… Quand les opérateurs sont confrontés à un excès d’alertes non pertinentes, ils développent une « alarm fatigue », c’est-à-dire que ce plausible assoupissement de leurs capacités d’analyse les conduit à écarter, voire à douter de l’ensemble des alertes, y compris celles qui signalent un vrai danger.

La solution technique : L’analyse vidéo intelligente (IVA) avec Deep Learning

Pour faire face à cette charge cognitive, il est question de filtrer le bruit et d’afficher aux opérateurs uniquement les informations pertinentes. La solution se situe dans l’Intelligence Artificielle, au travers des algorithmes de Deep Learning, notamment.

À la différence de l’analyse classique du mouvement, l’intelligence artificielle fondée sur le Deep Learning apprend à reconnaître et à classifier des objets précis (les personnes, les véhicules…) et à analyser des comportements.

  • Réduction des faux positifs : Un système d’IA entraîné peut faire la distinction entre un humain traversant une ligne virtuelle et une branche d’arbre secouée par le vent. Cela permet de réduire le taux de fausses alarmes de plus de 95 %, garantissant que chaque alerte présentée à l’opérateur justifie une attention immédiate. L’opérateur passe d’un rôle de surveillance passive à un rôle de gestionnaire d’exceptions.
  • Analyse comportementale avancée : L’IA peut être configurée pour détecter des scénarios complexes :
    • Rôdage (Loitering) : Détecter un individu qui reste dans une zone sensible, avec une trajectoire suspecte, au-delà d’un temps prédéfini.
    • Attroupement : Alerter lorsqu’un nombre anormal de personnes se rassemble dans une zone spécifique.
    • Objet abandonné/retiré : Identifier un colis laissé sans surveillance dans un hall d’aéroport ou la disparition d’un objet de valeur.

En automatisant la détection des événements pertinents, la technologie libère les ressources cognitives des opérateurs, leur permettant de se concentrer sur l’évaluation des menaces réelles et la coordination des réponses.

Défi n°2 : Prise de décision sous pression

Le problème : L’effet tunnel en situation de crise

Dans le contexte d’un incident, les opérateurs doivent réaliser des choix critiques dans un temps court. Or, au moment où ils doivent décider, la pression de l’événement peut altérer leur jugement et engendrer un “effet tunnel” cognitif.

Ils ont ainsi tendance à ne se focaliser que sur un aspect particulier de la situation (par exemple, un seul flux vidéo) et à perdre la conscience de la situation globale. Sans accès à un processus clair et à des informations contextualisées, la réponse peut être tardive, chaotique, erronée.

L’enjeu est donc de fournir aux opérateurs de la salle les outils nécessaires pour prendre des décisions rapides et éclairées, même dans les conditions les plus stressantes.

La solution technique : Plateforme PSIM et Procédures Opérationnelles Standardisées (SOP)

La technologie la plus efficace pour structurer la prise de décision est le Physical Security Information Management (PSIM). Un PSIM est une plateforme logicielle qui agrège et corrèle les événements provenant de systèmes de sécurité disparates (vidéosurveillance, contrôle d’accès, détection d’intrusion, alarmes incendie, etc.) sur une interface unifiée.

  • Corrélation d’événements : Si une porte d’accès est forcée, le PSIM ne se contente pas de signaler l’alarme de contrôle d’accès. Il peut automatiquement :
    • Afficher sur le mur vidéo les flux des caméras les plus proches de l’incident.
    • Présenter une carte dynamique du site indiquant l’emplacement de l’alarme.
    • Verrouiller les portes avoisinantes pour contenir la menace. 
  • Procédures d’Opérations Normalisées (SOP) Dynamiques : Le PSIM peut guider l’opérateur pas à pas à travers une procédure de réponse prédéfinie. L’interface affiche une liste de contrôle interactive des actions à entreprendre (ex: “Contacter l’équipe d’intervention”, “Notifier le superviseur”, “Déclencher l’annonce sonore”). Cela garantit une réponse cohérente, conforme aux politiques de l’entreprise, et réduit le risque d’erreur humaine sous pression. 

Le PSIM transforme les données brutes en intelligence exploitable, fournissant le contexte nécessaire pour une prise de décision rapide et efficace.

Défi n°3 : La gestion de l’hétérogénéité des systèmes

Le problème : Des technologies en silo

De nombreuses entreprises ont construit leurs systèmes de vidéosurveillance au fil du temps, ce qui entraîne une multiplication de technologies et de fabricants différents. Les opérateurs doivent souvent jongler avec plusieurs applications logicielles (un VMS pour une marque de caméras, un autre pour une autre), chacune ayant sa propre interface et ses propres fonctionnalités.

Cette fragmentation rend la gestion de la sécurité inefficace. La formation du personnel de la salle est plus complexe, la maintenance est plus coûteuse, et il est presque impossible d’avoir une vue d’ensemble unifiée de la sécurité. La recherche d’un événement sur plusieurs systèmes est fastidieuse et ralentit considérablement les enquêtes post-incident.

La solution technique : Architecture ouverte et standardisation (ONVIF, RTSP)

La solution à ce défi est l’adoption de technologies basées sur une architecture ouverte. Les standards les plus importants dans le domaine de la vidéosurveillance sont RTSP (protocole de transport de la vidéo) et  H264/H265 (protocole de compression). Citons également ONVIF (Open Network Video Interface Forum), qui est un protocole standardisé qui permet l’interopérabilité entre les produits de sécurité physique sur IP, quel que soit le fabricant. La promesse (pas toujours tenue) de ce standard est la suivante :  

  • Intégration via un VMS ouvert : En choisissant un système de gestion vidéo (VMS) qui prend en charge les profils ONVIF, il devient possible d’intégrer des caméras de différents fabricants, mais aussi d’autres périphériques vidéo (enregistrements NVR, analyse, …)  dans une seule et même plateforme. Les opérateurs n’utilisent plus qu’une seule interface pour visualiser et gérer l’ensemble des flux vidéo. 
  • Pérennité de l’investissement : Une architecture ouverte évite d’être prisonnier d’un seul fournisseur. Il est possible d’ajouter de nouvelles caméras ou de remplacer les anciennes par des modèles plus performants d’une autre marque, sans avoir à changer toute l’infrastructure logicielle. 
  • Simplification de la gestion : La centralisation sur un VMS unique simplifie la configuration, la maintenance et les mises à jour. La gestion des utilisateurs et des permissions est également unifiée, renforçant la sécurité globale du système.

En unifiant le contrôle de vidéosurveillance, une architecture ouverte transforme un ensemble hétéroclite d’équipements en un système de sécurité cohérent et facile à gérer. En résumé, le protocole de base de transport pour la vidéo reste RTSP et la compression avec H264/H265. Quant à ONVIF, c’est un standard puissant sur le papier mais qui n’a pas toujours bonne presse chez les installateurs de vidéosurveillance : fonctionnalités bridées ou instables, Interprétations différentes par les fabricants, …

Défi n°4 : L’ergonomie et l’environnement de travail

Le problème : La fatigue physique et visuelle

L’environnement physique de la salle de contrôle a un impact direct sur la performance des opérateurs. Des postes de travail mal conçus, un éclairage inadapté et une mauvaise disposition des écrans peuvent entraîner une fatigue physique et visuelle rapide. Les troubles musculosquelettiques (TMS), les maux de tête et la fatigue oculaire diminuent la concentration et augmentent le risque d’erreurs.

Un opérateur inconfortable est un opérateur moins vigilant. Ignorer l’ergonomie, c’est introduire une faille de sécurité humaine dans le système.

La solution technique : Conception ergonomique conforme à la norme ISO-11064

La conception d’une salle de contrôle pour la vidéosurveillance doit suivre des principes ergonomiques stricts, idéalement ceux décrits dans la norme internationale ISO 11064, spécifiquement dédiée aux centres de contrôle. 

  • Postes de travail ergonomiques : Les consoles doivent être conçues pour une utilisation 24/7. Cela inclut :
    • Des surfaces de travail à hauteur réglable (assis/debout).
    • Des sièges de travail intensif avec de multiples points de réglage (soutien lombaire, accoudoirs, etc.).
    • Des bras articulés pour les moniteurs, permettant à chaque opérateur d’ajuster la hauteur et la distance des écrans pour un confort visuel optimal. 
  • Conception des murs d’images : La taille et la position des murs vidéo doivent être calculées en fonction de la distance de vision des opérateurs pour éviter une fatigue excessive du cou et des yeux. 
  • Éclairage et acoustique : L’éclairage doit être contrôlé pour minimiser les reflets sur les écrans. Un traitement acoustique de la pièce est également nécessaire pour réduire le bruit ambiant et favoriser la concentration. 

En investissant dans un environnement de travail optimisé, les entreprises s’assurent que leur personnel reste concentré et efficace tout au long de son service.


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